Keep calme and use le neutre

Rappel : Avant de lire ce billet, tu dois prendre connaissance de celui sans lequel il ne serait rien : Écriture agaçante.


En définitive, je vois la formulation actuelle de l’écriture inclusive comme une façon bien française de résoudre un problème. Si tu ne vois pas ce que je veux dire, prends le temps de lire cet International Guidelines for Problem Solving réalisé par un Français plutôt lucide :

Autrement dit, une façon bien nationale de se créer des emmerdes supplémentaires au moment où l’on souhaite sincèrement régler un problème !

Car, oui, de mon point de vue, le français pose des problèmes et, pour ce qui nous intéresse ici, un de ses problèmes est qu’il n’est pas très galant1 !
Pour le moins.
Ainsi, j’ai passé ma carrière d’instituteur à arpenter des écoles où se trouvaient des salles nommées salle des maitres remplies de maitresses, ce qui ne semblait déranger personne.
Moi, j’ai toujours trouvé ça drôle, d’autant que, entre nous, elles n’ont jamais été les miennes !

J’admets que nommer ces salles autrement que salle des maitres en se servant du français comme il est, c’est plutôt compliqué et « salle des maitres et des maitresses », « salle des instituteurs et des institutrices », « salle des maitresses et des maitres », « salle des professeurs et des profess(?)« , « salle des profs » ne peut convenir à un esprit respectueux mais synthétique comme le mien.
Donc, pourquoi pas, salle des maître·sse·s ?
Et là, je te renvoie aux limites de l’écriture inclusive que je pointe dans le billet Écriture agaçante, dont celle qui ne permet pas d’oraliser cette écriture. En effet, comment dire au petit Louis ou à la petite Louise, charmants élèves nommés facteuR de la classe…
— Louis (ou Louise), va chercher une ramette de papier en salle des maitretresses…. 🙂

Je résume :
Salle des maitres ? Non, fini, basta, à l’heure où 90% des enseignanT du primaire sont des enseignantes !
Salle des maitresses ? Non ! Il y a encore quelques bougres qui rôdent dans les couloirs de l’école primaire !
Salle des maître·sse·s ? Non !


Et c’est là que j’arrive avec mon neutre inclusif invariable, incolore à l’oral, inodore à l’écrit, bâti sur le masculin qui est neutre par moments2, car enfin, il n’y a pas que les sexes dans la vie !


Ainsi, je propose de nommer ces salles Salle des maitrE, appelées à devenir tout simplement des Salle des maitre sans la majuscule finale, une fois qu’on aura compris que ce mot qui ne s’accorde ni en genre ni en nombre désigne ABSOLUMENT tout le monde, même les non-binaires, puisqu’il est neutre.
Ou pourquoi pas, « Salle des Maitre », avec majuscule initiale, comme on parlerait des Professeur, des Chercheur, des Juge, etc.

Mais j’ai une préférence pour la majuscule finale qui interpelle l’oeil, et je l’utiliserai désormais à titre personnel chaque fois que je visualiserai dans mon esprit autant de femmes que d’hommes que les autres.
Comme dans l’exemple suivant :

Au sujet de l’écriture inclusive, les propositions des chercheuR provoquent des dissensions internes. CertaiN y sont farouchement opposÉ.



Un autre aspect qui montre toute la goujaterie du français, est bien la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin, parfois sujette à quolibets dans les classes. J’admets que c’est plus rare qu’on le dit, mais j’ai toujours pensé à ces petites filles qui ne disaient rien, mais n’encaissaient pas moins !
Je n’ai jamais aimé enseigner cette règle qui, avec la règle de l’accord du participe passé avec le verbe avoir, est la règle la plus stupide de notre langue3.
S’il vous plait, ayez une pensée émue pour toutes ces femmes oubliées dans les accords suivants :

Les hommes et les femmes sont nés égaux en droits et pourtant seuls les premiers sont cités à l’écrit.


Ça ne va pas, et je comprends la colère de féministes dont je ne partage pas tous les propos pour autant.
Proposition :

Les hommes et les femmes sont nÉ égaL en droits et ni les uns ni les autres ne sont citÉ à l’écrit car le neutre invariable l’emporte.


L’expression « ni les uN, ni les autrE » peut elle aussi faire l’objet de mon neutre inclusif, mais il faut éviter de surcharger l’oeil.
Tout cela étant appelé à devenir quelque chose de plus simple encore :

Les hommes et les femmes sont né égal en droits et ni les un ni les autre ne sont cité à l’écrit car le neutre invariable a été enseigné en masse dans les écoles.

J’insiste sur l’immense avantage de mon neutre inclusif dont je suis pas peu fier 🙂 et qui recycle le masculin utilisé dans ce qu’on pourrait déjà appeler l’ancien français : il est incolore à l’oral et inodore à l’écrit, il se traduit à l’oral et ne torture pas le français écrit… ou si peu que c’est peanuts !
Il suffit que les femmes hypersensibles acceptent l’idée que ce neutre est un embranchement issu d’un masculin ancien qui aurait perdu sa dimension phallocratique.
N’est-ce pas mieux que d’accepter l’écriture inclusive qui n’est qu’une excroissance du masculin, comme dans les développeur·euses ?
Moi, je n’accepterais pas l’idée qu’on me réduise à un suffixe décroché d’un radical qui est entièrement masculin. 🙂
Ça me rappellerait trop qu’Ève est issue de la côte d’Adam.
Serions-nous vraiment les enfants d’Adam·ève, Ève réduite à un prolongement d’Adam ?


Pour finir, je te propose de télécharger le poster suivant sur ton bureau en le glissant/déposant. Imprime-le et agite-le devant un vieux boomer encore plus boomer que moi, genre Finkielkraut, ou alors une écolo-féministe de la déconstruction type Sandrine Rousseau.
Effet garanti, bave aux lèvres assurée.
Le premier te dira que ce neutre existe déjà, c’est LE MASCULIN, y a rien à changer. La deuxième te répondra que construire un neutre sur les reliques du masculin, ce n’est pas assez déconstruit et toujours aussi patriarcal.
Tant pis pour elleux, iels sont borné !!!


1. Alors que, les défenseurs d’un français qui ne devrait pas bouger sont très souvent les mêmes qui défendent cette galanterie si typiquement française, un des sommets de notre savoir-vivre ! Qu’ils disent.
2. Des mots comme « le public », « l’un », « l’autre ». Il existe aussi des mots féminins neutre comme « la victime », « une idole ».
3. A ce sujet, il est pas exclu que je publie des billets en OS, c’est-à-dire en Ortografe Sinplifiée !


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